Jan Van Eyck, L'Homme au turban rouge (Autoportrait ?) (1433). The National Gallery, Londres. (Source de la photographie.)
J'ai écrit ici naguère que la devise de Jan Van Eyck était Als ich kann ("De mon mieux", "Aussi bien que j'en suis capable"), suivant en cela ma lecture du très beau livre d'Erwin Panofski, Les Primitifs flamands. Mais en observant les peintures du maître dans la monographie de ma bibliothèque, je constate que la devise est, plus exactement, telle qu'on peut la lire sur la partie supérieure du cadre de L'Homme au turban rouge conservé à la National Gallery de Londres, ALC IXH XAN, qui correspond à Als ich kann, mais en caractères grécisés. Or on peut comprendre, dans cet IXH, outre le "moi", le "je", une allusion au monogramme du Christ, au chrisme, qui ferait du je mis en scène dans le tableau (qui passe pour un autoportrait du peintre) la traduction d'une "Imitation du Christ". Il semble bien, d'autre part, que ce tableau offre le premier exemple, en Occident chrétien, d'un portrait individuel dont le regard du personnage fixe le spectateur : quel plus bel exemple d'une mise en abyme de son propre regard, aussi vertigineuse que l'art pictural du merveilleux maître flamand ?