J’ai vu aujourd’hui une belle exposition au Grand Palais : La Voie du Tao, un autre chemin de l’être. Une grande partie des œuvres présentées – statuettes, peintures, rouleaux – provient du musée Guimet, non loin, mais à cette occasion, exceptionnellement, certaines encres sur soie (du XIVème au XVIème siècles) ne sont pas protégées par une vitrine, et nul reflet ne vient s’interposer entre notre œil et ces délicates et admirables lignes et couleurs – rien que cette expérience "justifie" une visite.
J’ai rêvé longtemps devant un livre, exhumé des archives de la Bibliothèque nationale de France : calligraphié par Chen Chen du Tang la vingt-troisième année de l’ère Kaiyuan, sous la dynastie des Tang (618-907), soit en 735 après Jésus-Christ (tandis que le roi des Francs Thierry IV, fils de Dagobert III, gouvernait), il s’agissait du Classique de la Voie (Daode Jing) de Lao zi (1), et de son Commentaire par l’empereur Xuanzong des Tang : comment décrire ce qui s’éprouve devant ces signes tracés au VIIIème siècle, devant cette encre vénérable, ces feuillets fragiles, devant ces inestimables traces ? C'est qu'ils semblent des rêves.
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(1) Il paraît que c’est ainsi que l’on doit écrire désormais : pour moi, c’est encore le Tao-Te-King de Lao-tseu…