Hans Memling (vers 1435-1440 - 1494), Ange tenant un rameau d'olivier (vers 1475-1480, fragment du volet gauche d'un petit triptyque composite). Musée du Louvre, Paris. (Photographie du lundi 16 janvier 2012.)

(Il s'agit là d'un tout petit tableau, à peine plus grand que l'image que j'en propose ici : 16 x 10 cm. Un ange, en somme, grand comme un livre de poche...)

à Denis Trente-Huittessan, pour sa collection de beaux paysages.

Denÿs van Alsloot (1570-1628), Paysage d'hiver (1610). Musée du Louvre, Paris. (Photographie du lundi 16 janvier 2012.)

(Et lorsque la lumière, cet après-midi, traversait les vitres de la salle du musée, elle renchérissait sur le givre étreignant les branches des arbres, à gauche — sur cette toile qui rêve (qui rêverait ?) déjà L'Arbre aux corbeaux (1822) de Caspar David Friedrich.)

Les seuls tableaux de l'École du Nord, au XVe siècle, méritent qu'on se replonge dans les arcanes du Nouveau Testament. Sur une toile, une seule allusion peinte, que je crains de ne pas saisir, qui me fuit, suffit à me donner envie de tout relire, de tout approfondir, et de traquer ce que les textes des Évangélistes (et ceux de saint Paul, etc.) ont laissé dans l'ombre de nos yeux, lesquels ont tant perdu... D'autres, au XXIe siècle, se repaissent du "décryptage de l'actualité", dont ils ne s'aperçoivent même pas qu'ils sont les pantins psittacistes, lorsque des pans entiers du Passé leur échappent — c'est là cependant le rôle, peut-être la mission, des "modernes" de rappeler ces derniers, afin d'écrire véritablement le moment que, par hasard, mais irrémédiablement, nous incarnons.

Lorsque je hante les salles consacrées à la peinture flamande, au deuxième étage de l'Aile Richelieu du Louvre, ce n'est pas d'abord à la musique de Guillaume Dufay, de Johannes Ockeghem ou de Josquin des Prés que me font penser les merveilleuses peintures de Jan van Eyck, Rogier Van der Weyden, Hans Memling, Colijn de Coter ou Dirk Bouts le Vieux. Les musiciens étaient cependant leurs contemporains. Non, ces peintures appellent déjà, me semble-t-il, la musique de Jean Sébastien Bach, trois siècles après elles, musique qui serait leur contemporaine "spirituelle" : la musique de Bach possède cette même rigueur architecturale, cette même retenue, cette gravité sans lourdeur ni pose, cette sérénité sombre également, qui caractérisent la peinture de l'École du Nord du XVe siècle. Aussi bien n'imagine-t-on guère écouter Bach devant une toile de ses contemporains Antoine Watteau ou Januarius Zick !

Dans la vitrine d'un magasin du Viaduc des Arts, dans le Douzième Arrondissement de Paris. (Photographie de ce jour.)

(Étrange comme, devant ce type de mise en scène, j'éprouve un sentiment de tendresse amusée, mêlé d'un malaise minuscule, d'un effroi ténu...)